«Au Mali, le cinéma a toujours eu un rôle très important. À travers un cinéma engagé, ses cinéastes décomplexaient la parole du peuple, abordant, comme dans la tradition orale, les thèmes centraux de la famille, les tabous, la terre, la transmission, la religion, la solidarité mais aussi, la politique. Cette place privilégiée dans le cœur des Maliens se manifeste par les nombreuses salles de cinéma. Mais l’état de ces salles est à l’image de la politique globale du pays: délaissé, sacrifié.
Un fragile et silencieux combat perdure pourtant. Pour maintenir cette tradition de cinéma de quartier, chère à une communauté qui a toujours entretenu le principe de la mémoire collective, on rencontre parfois un projectionniste, faisant tourner sa salle, au rythme aléatoire de copies de films disponibles.
Après une rencontre marquante avec le cinéaste malien Souleymane Cissé et un reportage sur le cinéma itinérant, la photographe Cécile Burban a voulu comprendre pourquoi aujourd’hui, en Afrique, la rencontre entre films et spectateurs ne se faisait quasiment plus exclusivement que par le biais de salles éphémères.
Le projet Dernières séances est un travail au long cours, qui va continuer de s’étoffer au fil des rencontres avec cinéastes et autres amoureux du cinéma, afin de recueillir leur témoignage, leur histoire, et bien sûr donner à voir les nombreuses salles africaines abandonnées, vestiges d’une culture entre parenthèse,en attente de réhabilitation. »
A la Galerie Focale, du 17 mars au 28 avril 2013 (cette exposition est organisée en résonance avec Visions du Réel, festival international de cinéma, du 19 au 26 avril 2013)
14 mars 2013
RÉSONANCE : Dernières Séances By Cécile Burban
13 avril 2012
BAMAKO 2011 : pas de « happy end » pour le « fairy tale »
Novembre 2011. Il y a deux « Nous » à Bamako :
– celui de la représentation de soi, un « Nous » autorisé, institutionnel, patrimonial,
– et celui du «c’est-mieux-à-plusieurs », un « Nous » du réchauffement collectif.
Cette année comme toujours,
nous sommes là sans raison,
nos avis sont sans valeurs,
nous ne sommes qu’un public désintéressé…
Comme tout le monde, le thème «Pour un monde durable », éculé sur les bancs du politiquement correct, ne nous a pas emballé. Du vent, on vend l’air du temps ! D’autant moins convaincus que la plupart des travaux proposés semblait plutôt explorer le sujet « Contre ce monde de merde ». La documentation de crimes contre l’environnement où errent des victimes impuissantes (et d’où les responsables sont étrangement absents), cannibalise le sujet dans son acception la plus évidente. L’art comme « stimulant de la vie » qui s’approprie, s’empare du monde et le subjugue en imposant des formes nouvelles, en exploitant les circonstances, ne nous a pas fait sentir Bamako autrement. Ces Rencontres ont échoué à dramatiser notre réalité. Le monde n’a jamais dépassé le monde !
20 novembre 2009
FILLES D’ATLAS
« Nous sommes les porteuses d’Afrique : nous portons le riz sur la tête, nos enfants sur le dos et nos maris à bout de bras. »
Les Socotram : pour eux, c’est toujours vert !
Chauffeurs-développeurs
(«La vie en spirale », Abasse Ndione, Série noire, Gallimard, 1998),
rabatteurs hurleurs,
passagers résignés :
les mini-bus de Bamako sont
les prédateurs routiers numéro un.
Suivis de près par les Dourouni, bachers de banlieue,
ils transforment Bamako en enfer du piéton.
J’habite au JACKSON JAZZ CLUB
Une villa à deux pas de la rue des bars métissés de Bamako. Un club de jazz tapi en pleine zone de turbulence.
Jackson, le fondateur du lieu éponyme, trie ses clients sur le volet. Hommes d’affaires, fonctionnaires, les habitués viennent oublier une journée de plus dans la fournaise malienne. Bercés dans une pénombre tamisée par Billie Holiday ou Miles Davis, les poissons exotiques somnolent. Bamako est très loin.
Jackson, sapeur à la malienne (griffé mais discret) biberonné au Fouquet’s des Champs-Elysées, accueille ses hôtes d’un large sourire, inaltérable aux tracas quotidiens. Ses deux Jackson’s girls prestes et discrètes, au garde à vous. Au premier, deux vastes chambres avec vue sur la ruelle latéritique, ses vendeurs ambulants, ses wagons de moutons, ses monts et ses vaux… Welcome to the Jackson Jazz Club !






