«Au Mali, le cinéma a toujours eu un rôle très important. À travers un cinéma engagé, ses cinéastes décomplexaient la parole du peuple, abordant, comme dans la tradition orale, les thèmes centraux de la famille, les tabous, la terre, la transmission, la religion, la solidarité mais aussi, la politique. Cette place privilégiée dans le cœur des Maliens se manifeste par les nombreuses salles de cinéma. Mais l’état de ces salles est à l’image de la politique globale du pays: délaissé, sacrifié.
Un fragile et silencieux combat perdure pourtant. Pour maintenir cette tradition de cinéma de quartier, chère à une communauté qui a toujours entretenu le principe de la mémoire collective, on rencontre parfois un projectionniste, faisant tourner sa salle, au rythme aléatoire de copies de films disponibles.
Après une rencontre marquante avec le cinéaste malien Souleymane Cissé et un reportage sur le cinéma itinérant, la photographe Cécile Burban a voulu comprendre pourquoi aujourd’hui, en Afrique, la rencontre entre films et spectateurs ne se faisait quasiment plus exclusivement que par le biais de salles éphémères.
Le projet Dernières séances est un travail au long cours, qui va continuer de s’étoffer au fil des rencontres avec cinéastes et autres amoureux du cinéma, afin de recueillir leur témoignage, leur histoire, et bien sûr donner à voir les nombreuses salles africaines abandonnées, vestiges d’une culture entre parenthèse,en attente de réhabilitation. »
A la Galerie Focale, du 17 mars au 28 avril 2013 (cette exposition est organisée en résonance avec Visions du Réel, festival international de cinéma, du 19 au 26 avril 2013)
14 mars 2013
RÉSONANCE : Dernières Séances By Cécile Burban
3 août 2010
« UN HOMME QUI CRIE » : un film impressionniste
Alors que les discours afroptimistes déferlent sur le jubilé des Indépendances, «Un homme qui crie » nous dévoile une réalité presque clandestine. Juste chuchotée. Surprenant, le Figaro n’a rien entendu (« un film sans intention« ).
Premier film africain sélectionné à Cannes depuis 1997 ans, il est sérieux. « Rugueux« , dit Première. « Récit contemporain et circonstancié », selon Le Monde. Un père, évincé par son propre fils Abdel de son emploi de maître-nageur, le « donne » à l’armée comme tribut. Rongé par le remord, Adam brave la guerre civile pour le délivrer.
Prix spécial du jury du 63e Festival de Cannes, « Un homme qui crie » nous plonge dans la violence intime.

