On en a mArles ! Nous nous étions jurés d’arrêter les frais : après quatre éditions d’affilée, dont la dernière nous avait laissé interdites, nous étions lasses ! Mais, la météo clémente seulement au Sud et trois jours à perdre…Alors, en 2011, nous sommes allées entendre Arles parler d’Arles. Arles recycler, se marketter. Cette année, Arles s’officedutourisme ! Nous sommes au Disneyland de la photo. Le public joue. De sujet, il devient au gré des attractions producteur de ses propres images. Le tir photographique (qui nous a fait rire l’année dernière mais avec l’expo !); le photomaton à 2 euros; le concours de poses avec le zébu, totem de l’année au regard carrément déprimant; même Douglas Gordon au Méjan, invité par Cy Twombly, nous propose de nous refléter à la place du visage de stars brûlées. Et clou du spectacle : l’escale de JR avec son Inside Out, projet d’art participatif : un portrait de vous à coller où vous voulez, à photographier et envoyer sur www.insideoutproject.com. Sa boîte est seule à avoir intéressé les visiteurs cette année, d’après le traditionnel microtrottoir des commerçants.
C’est comme si les artistes avaient disparu…Le public semble livré à lui-même et la photographie jetée en pâture à la médiocrité. (more…)
19 août 2011
Arles 2011 LIVRE LE PUBLIC A LUI-MEME
HOMME EN ARLES (3/3)
Veste à poches, tennis tout terrain et flash au vent, le photographe s’en va en Arles une fois l’an. Au milieu de ses pairs, il prend l’air. Armé jusqu’aux dents, il tire à tout va. Croisé lors du vernissage (tardif le 5 août) de « Black is not dark », exposition collective à la galerie La Vitrine, celui-ci n’est pas là par hasard. Il travaille. Il a shooté toute la soirée sur le trottoir sans rien demander. A nous non plus qui profitions vénères de la Margarita à ciel ouvert.
L’ombre réprobatrice de Michel Pastoureau planait en effet sur cette petite galerie perchée sur trois minuscules étages aux relents de squatt. Depuis une semaine, dans le néant ambiant des bords du Rhône (voir article sur Arles), nous dévorons comme par hasard « Noir, histoire d’une couleur » , au seuil. Et voilà que ces sept artistes sont, nous apprend le descriptif, « réunis autour de Marie Lankester, artiste plasticienne et curatrice, (parce que leurs) pratiques sont régulièrement traversées par cette « non couleur » au fort pouvoir évocateur » . Une « non couleur » ?! (more…)
4 janvier 2011
HOMMES AU TAPIS (2/3)
Se souvenir de soi, d’avoir été là, ce soir-là ! Sur le tapis rouge, deux photographes se bousculent, interpellent les invités, les bloquent, les contraignent à s‘arrêter. Dans un cabaret à moitié désaffecté de Douala, la Société Générale fête Noël. Des semaines que les salariés répètent leur spectacle. Ils arrivent un à une, sapés. Jolie Madame et Beau Monsieur : chacun prend la pose, un brin timide, un tantinet solennel, un rien emprunté. L’heure tourne. Le vieux hall se remplit.
2 janvier 2011
Doual’Art 2010 : LES PARRAINS, LES ARTISTES ET LES AUTRES…
Les artistes camerounais jouent un rôle majeur dans le petit monde de l’art contemporain. Côte, musées, festivals prestigieux, leur audience est mondiale. Partager leur expérience, dialoguer avec leurs pairs, créer pour leurs compatriotes : ils sont les stars du SUD 2010.
Marilyn Douala Bell et Didier Schaub, créateurs de Doual’Art en 1991 et organisateurs du festival SUD, font régner la bonne humeur. Simon Njami, commissaire, impose sa radicalité esthétique : « certains artistes se regardent le nombril et d’autres regardent ceux des autres »;
23 décembre 2010
Doual’Art 2010 ou L’ART DE SE REAPPROPRIER LA VILLE
Encore un festival d’art contemporain en Afrique ? À quoi ça sert ? Le Salon Urbain de Douala offre une réponse inédite : l’art contemporain pour « réhumaniser » la ville. Organique, assourdissante, poisseuse, la capitale économique du Cameroun est comme toutes les mégalopoles africaines, invivable. Urbanisme anarchique, transports publics inexistants, chaussées défoncées, poubelles à ciel ouvert : ce sont quelque 2 millions de Doualais qui chaque jour la subissent avec fatalité.
Ici, le SUD (Salon Urbain de Doula), festival triennal d’art public, se conçoit comme un défi à l’apathie culturelle ambiante. Des oeuvres d’art érigées comme des moulins à vent contre l’invasion des panneaux publicitaires aux slogans carnassiers et aux sourires simplistes.
Doual’art, centre d’art contemporain promoteur du festival, a essaimé seize chantiers. Cette tentative osée parie sur la réappropriation – pour emprunter un concept cher à Kader Attia, formidable artiste franco-algérien présent à Douala – de l’espace public par ses usagers. Simon Njami, commissaire général, résume ainsi cette « idée simple « : « en réalisant des oeuvres publiques, inviter les habitants (…) à entrer dans l’âge contemporain sans heurts, sans discours ni concepts, (…) et se réapproprier ce qui fut un jour leur patrimoine. »
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16 septembre 2010
« RÊVE UTILE » : raconte-moi l’Indépendance
A Bruxelles, Simon Njami écrit l’histoire de l’Afrique en photo. Et non l’histoire de la photo en Afrique.
La nuance est majeure : elle rend son rêve utile à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire du continent. En l’éclairant des visions humaines et intimes des artistes. Cette exposition, qui s’achève le 26 septembre, est sans conteste l’étape la plus intéressante de l’« Afrique visionnaire » (pour le reste, rien de plus à dire que la critique d’Emmanuelle Lequeux dans Beaux Arts Magazine n°315, septembre 2010).
« Rêve utile » n’a rien d’une anthologie. Même s’ils sont tous là : Sammy Baloji, Jodi Bieber, Mohamed Bourouissa, Samuel Fosso, Jean Depara, Malick Sidibé…Leur photographie «as a metaphor of freedom and self-esteem ». L’exposition, en cinq séquences aux titres soigneusement empruntés, scande 50 ans d’Indépendances :
– 60’s : a useful dream (Monenembo)
-70’s : lost illusions (Balzac)
-80’s : crossroads (Tracy Chapman)
-90’s : no name in the street (Baldwin)
-00’s : another country (Baldwin).
Si vous voulez savoir ce qu’est devenu Le rêve ? Accrochez vous au cataloge (“A useful dream, African photography 1960-2010”, Bozar Books, SilvanaEditoriale, juin 2010) et écoutez la visite guidée du commissaire himself sur Radio Appartment 22.
Pour nous conter sa légende, le griot Njami a pris le pouvoir sur les photographes ! Avec un roman à paraître d‘ici la fin de l‘année, on attend l‘opposition reconstructrice de l’écrivain Njami.
A gauche : Musa Nxumalo, son site et son blog à voir
A droite : Dorris Haron Kasco, le fou nu dans la rue, abidjan, 1990-1992
14 septembre 2010
3e Festival mondial des arts nègres : ÇA VA CHANTER
Musique. Ils seront quelque 70 artistes/groupes à l’affiche en décembre prochain à Dakar pour le 3e Festival mondial des arts nègres. La liste exhaustive :
AKON (Vu pour vous en août au Bénin,lire ci-dessous) / ANGELIQUE KIDJO / ANTHONY B / ARAGON cuba / BONGA / CHICO FREEMAN / CHUCHO VALDES ET JAZZ MESSENGERS / CUBA JAZZ MESENGERS / CUT KILLER / DEE DEE BRIDGWATER / DIAMS / DJ ABDEL / DJ ARAFAT / DOUDOU NDIAYE ROSE / ESPOIR 2000 / ETOILES DE BLOBINE / GANGBE BRASS BAND / GO DE KOTEBA / HABIB KOITE / HAITI TROUBADOURS / HASSAN HAKMOUN / HUGH MASEKELA / IJAH MAN / INDIGENOUS ORCHESTRA ARGENTINE / JEAN JACQUES MILTEAU / JOHNY RAGGA / KAMALDINE / KASSAV / KENNY GARRETT / KING MENSAH / KING SUNNY ADE / KORA JAZZ TRIO / L’ORCHESTRA BROADWAY / OMAR SOSA/ LOKOUA KANZA / L’ORCHESTRA DE LA LUZ / I JAH MAN / HAITI TROUBADOURS / LE BEMBEYA JAZZ / YOUSSOU NDOUR / LADYSMITH BLACK MAMBAZO / LAST POETS / LATIN LEGENDS / LINTON KWESI JOHNSON / LKJ / LONDON COMMUNITY CHOIR / MAHOTELLA QUUENS / MALAVOI / MAMAR KASSE / MANU DIBANGO / MARCUS MILLER / MARIA DE BARROS / MARIO RUI SYLVA / OMAR SOSA / ORCHESTRA BROADWAY / ORCHESTRA NACIONAL / ORCHESTRE NATIONAL DE BARBES / OSCAR DE LEON / OUSMANE GUANGUE / PAOLO FLORES / PATROUILLES DES STARS / RAY LEMA SAKA SAKA / REFUGEES ALL STARS / SALIF KEITA / SANDANG ALL STARS ET JOHNY PACHECO / SEKOUBA BAMBINO / SMOCKEY / SOMI USA / TINARIVEN / TK BLUE / VUSI MAHASELA
Sur le front des arts visuels, la moisson est moins dense avec seulement 4 noms, à trois mois des festivités :



Barthélémy Toguo (Cameroun) /
Diagne Chanel (France+Sénégal)/
Santiago Olazabal (Cuba) /
David Nal-Vad (Gabon).
La programmation du 3e Festival mondial des arts nègres : on vous tient au courant.
3 août 2010
« UN HOMME QUI CRIE » : un film impressionniste
Alors que les discours afroptimistes déferlent sur le jubilé des Indépendances, «Un homme qui crie » nous dévoile une réalité presque clandestine. Juste chuchotée. Surprenant, le Figaro n’a rien entendu (« un film sans intention« ).
Premier film africain sélectionné à Cannes depuis 1997 ans, il est sérieux. « Rugueux« , dit Première. « Récit contemporain et circonstancié », selon Le Monde. Un père, évincé par son propre fils Abdel de son emploi de maître-nageur, le « donne » à l’armée comme tribut. Rongé par le remord, Adam brave la guerre civile pour le délivrer.
Prix spécial du jury du 63e Festival de Cannes, « Un homme qui crie » nous plonge dans la violence intime.
Arles 2010 VITRIFIE LA PHOTO
Arles 2010 ronronne. Nous aussi. « Du lourd et du piquant », promet l’animal de l’année (un rhino). Nous chaussons donc nos gros sabots. En vrai, la semaine professionnelle rallongée cette année à dix jours (du 3 au 13 juillet) aurait plutôt mérité le slogan « molle (vrai démarrage au bout du 5e jour, reconnaît François Hébel, directeur des Rencontres) et tiède ». Et la canicule n’y a rien changé. L’artistocratie de la photo nous dévoile son panthéon. Alors visitons !
Cette année dans la ville d’art, les 25 commissaires des 60 expositions nous invitent fermement à nous prosterner devant ses idoles.
Des idoles même un peu blettes comme Mick Jagger sous tous les angles à l’église des Trinitaires; voir franchement has been sur les photos de vacances de Jean Pigozzi (« quarante ans de clichés exclusifs au coeur de la jet-set dont il partage la vie de fêtes et de voyage », indique le plan). Plus connu pour sa collection d’art (il peine à boucler les négociations avec la mairie de Paris pour trouver un lieu où l’exposer), le photographe des dimanche bling-bling fait ainsi entrer la paparazzade dans le temple de la photo. Par la grande porte et en BMW (sponsor de son exposition), Voici nous voici !
Bowling for Arles
Inédit : deux plombs dans le mille au même instant = deux clichés presque identiques. Fallait pas nous énerver !





